Il existe un art qui est très ancré dans la tradition marocaine. Nous le connaissons peu, chez nous. (Ou alors, il s’est perdu avec le temps, Allahu a3lem)
Cet art : c’est celui de la conversation.
Les américains appellent ça : le small talk (petite conversation, banalités…).
Ce sont ces discussions plutôt futiles, autour de la météo, de la famille ou de l’actualité… De tout et de rien.
Dans cet article, je vais t’expliquer pourquoi savoir engager la conversation peut réellement faciliter ton intégration au Maroc.
Les marocains, rois du small talk
Les Marocains sont hyper sociables. Ils aiment parler, faire connaissance avec tout le monde.
Et combien de fois, je me suis retrouvée, dans un bus ou même dans la rue… bloquée, ne sachant pas quoi dire ?
Et ce n’était pas seulement parce que je n’avais pas le darija (car ça aussi forcément, c’est un frein !)
Certains marocains font l’effort de parler français. Mais malgré cela… Je n’avais rien à dire.
Du coup, on me questionnait : « tu viens d’où, tu habites où ? » etc.
Le genre de question qui peuvent nous paraitre intrusives, à nous, européens… surtout venant d’inconnus.
En plus, on m’avait prévenue de ne pas trop raconter ma vie, de me “méfier”… ce qui me mettait encore plus mal à l’aise…
Méfier de quoi ? Allahu a3lem…
Il y a beaucoup de mauvais soupçons qui ne sont pas toujours justifiés…
Comment trouver des sujets de conversation ?
En fait, il suffit de s’intéresser aux autres, sincèrement.
Et ne pas avoir peur de questionner.
Aujourd’hui par exemple, j’ai croisé une dame commerçante et elle m’a demandée où étaient mes garçons.
Je lui ai répondu qu’ils étaient restés à la maison.
En France, ça ne me viendrait pas du tout à l’idée de demander à quelqu’un « où sont tes enfants ? » Parce que, premièrement, ça ne me regarde pas. Mais aussi parce que j’aurais peur de gêner la personne et que je trouve ça légèrement intrusif…
Mais ici, c’est limite, une marque de politesse, une marque de reconnaissance (ça envoie le message : je me souviens de toi, tu as des garçons), et surtout : ça engage une conversation !
La diversité culturelle
Il y a beaucoup de différences selon les cultures. En Chine, si tu ne fais pas de bruit en buvant ta soupe, il parait que c’est malpoli.
On ne s’en rend pas compte, mais on a, nous aussi une culture, une sorte de politesse apprise : une façon d’être et de penser propre à notre pays. (par exemple râler est typiquement français !)
Au Maroc, ils ont la leur aussi.
Même si tu es enfant MRE, tu as grandi avec les codes français (ou belges).
Je trouve hyper intéressant de découvrir une autre façon d’être et de voir les choses. Certaines sont mieux chez nous et certaines, mieux chez les autres. Ces différentes manières de penser sont très enrichissantes au final.
Si tu veux réussir à t’adapter et ne pas trop souffrir de la mentalité marocaine, il faut adopter cet esprit curieux et ouvert. Et ne pas te braquer face aux comportements que tu ne comprends pas.
Je pourrais en parler des heures, car il y a beaucoup de choses que je ne comprenais pas au début ! Mais dans cet article, je vais éviter de m’éparpiller et me concentrer sur l’art d’entretenir des conversations.
Apprendre à converser quand on est introverti
C’est un immense défi pour moi. Je déteste ça, les banalités. Et quand je vivais en France, je ne parlais pas beaucoup non plus.
Mais au bout de quelques années ici, j’ai compris que si je voulais vraiment m’imprégner de ce pays, de sa culture, de ses codes et me sentir comme chez moi : il allait falloir que je passe nécessairement par là !
En France, je n’en avais pas besoin, les codes, je les connais. Je sais à qui j’ai besoin de m’adresser si j’ai besoin d’une info particulière. Tout est plus simple. Mais ici, j’ai tout à apprendre. Il n’y a pas le choix.
Et puis j’ai fini par réaliser que le small talk avait aussi de bons côtés.
Il permet d’établir un premier contact chaleureux, de briser la glace. En engageant une conversation sur un sujet léger, tu montres que tu es accessible et mets l’autre à l’aise.
Et ça peut même finalement amener vers des conversations plus intéressantes.
Pourquoi avoir des discussions pour t’intégrer au Maroc ?
Au Maroc, la vie sociale repose en grande partie sur les échanges quotidiens. Les Marocains attachent une grande valeur à l’ouverture et à la proximité, même dans les discussions de tous les jours.
Bien maîtriser le small talk peut faire la différence pour vraiment t’intégrer.
Le small talk permet :
- De faciliter la vie quotidienne : pour obtenir des infos locales ou de l’aide dans tes démarches… Une bonne relation débute souvent par un simple labass ? (ça va ?).
- De créer des liens de confiance : en montrant ton intérêt pour les autres, tu feras plus facilement des rencontres et cela peut grandement te faire du bien pour compenser le manque de tes ami(e)s ou de ta famille. Tu pourras aussi progresser en Darija in chaa Allah.
- De s’ouvrir aux opportunités : Dans le domaine professionnel ou personnel, les connexions sociales au Maroc sont importantes. C’est toujours comme ça que ça marche “je connais quelqu’un qui connait quelqu’un qui a un cousin… blablabla” )) Un simple échange peut mener à de belles opportunités !
Plus facile quand on parle marocain
Pour être complètement à l’aise une fois au Maroc, je te conseille aussi d’apprendre le darija si tu ne le connais pas.
Ce n’est pas si compliqué avec de bonnes explications !
Ce qui m’agace un peu avec les vidéos Youtube et les applications (et même dans les livres de conversation d’ailleurs) c’est qu’on nous donne des phrases toutes faites. C’est super pour réviser ou s’amuser mais pas du tout pour apprendre !
Par exemple, tu apprends : où sont les toilettes ? = fin kayna toilet ?
Et voilà.
Tu n’as pas plus d’explications que ça.
Chez Blabla Darija, il y a une VRAIE pédagogie. Ce n’est pas juste quelqu’un qui sait parler le darija et qui fait une formation. C’est très réfléchi et méthodologique.
Mais ne me crois pas, teste-toi même.
En cliquant ici, tu as accès à la plateforme (pendant une dizaine de minutes) et tu reçois également 2 cours gratuits. De quoi te faire ta propre idée !
Sur la plateforme, tu as également de nombreux exemples de conversations de la vie quotidienne, mais aussi des exercices pour t’entrainer.
Exemple de conversation “small talk”
Allez je t’aide un peu parce que pour les timides, je sais que ce n’est pas facile.
- Avec un(e) voisin(e) / en attendant les enfants devant l’école : ça va ? Il fait beau aujourd’hui, ça fait du bien ! (ou au contraire au Maroc ça sera plutôt : alhamduliLlah un peu de pluie ça fait du bien) comment vont les enfants ? Tu les as inscrits au sport cette année ?
- Avec un(e) commerçant(e) : ça va ? Tu as de nouvelles dattes ? Elles viennent d’où ? Tu sais où je pourrais trouver telle chose ?
- Un livreur ou dans le taxi : ça va ? Tu as beaucoup de travail en ce moment ? Ce n’est pas trop difficile avec la chaleur ? Qu’Allah te facilite
En vrai le fait d’avoir du darija c’est déjà beaucoup plus simple pour avoir de la conversation avec les gens. Ajoute quelques mots en darija même si c’est juste un « labass ? » ou un « choukran ». Les gens apprécieront.
Si tu ne sais pas trop quoi dire, ne te force pas dès le début : vas-y petit à petit.
Contente-toi de répondre aux questions avec le sourire (même derrière un niqab, ça s’entend) et au fur et à mesure ça viendra in chaa Allah.
Moi je suis tellement contente rien que de comprendre ce qu’on me dit maintenant que je me fais un vrai plaisir de répondre en darija ! Car finalement converser est surtout devenu une façon de m’exercer au Darija ))
Voilà, j’espère une fois de plus que cet article te sera utile et t’incitera à t’ouvrir davantage à la culture marocaine et aux marocains surtout.
Rester entre nous ça peut rassurer (la fameuse “zone de confort”) mais c’est une très mauvaise idée sur le long terme et ce n’est pas comme ça que tu vas t’épanouir dans ton pays d’accueil.
Dans mon précédent article, je te parlais justement des causes qui font que nos enfants s’adaptent et ne pensent plus à repartir. Eh bien, adopter le small talk dans ton quotidien, c’est aussi une cause pour t’épanouir !
Au départ, cet “article” était une newsletter. Mais j’avais finalement trop de choses à dire… Alors quand j’ai vu la longueur, j’en ai fait un article.
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À bientôt in chaa Allah, qu’Allah te préserve.